À SACLAY, IL FAUT QUE ÇA ROULE !

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Notre pays regorge d’initiatives pour favoriser l’autonomie et l’inclusion des personnes en situation de handicap. Le milieu des écoles et des universités est souvent à l’avant-garde de ces engagements de par la créativité et la générosité de la jeunesse. Une belle illustration avec ce projet porté par un jeune chercheur soutenu par une belle chaine de solidarité. Grâce aux fonds collectés, le projet va sortir du laboratoire de Saclay et un premier prototype va bientôt fonctionner en situation réel au bénéfice d’une personne à mobilité réduite.

Autonomie et mobilité sont la clé de voûte du développement intellectuel, personnel, social des personnes en situation de handicap, particulièrement pour les personnes à mobilité réduite et les personnes déficientes visuelles. La conduite autonome d’un fauteuil électrique est compliquée, voire peut se révéler dangereuse pour toute personne en situation de handicap sévère. En effet, un fauteuil électrique classique est lourd et doté d’une motorisation puissante.

Toute erreur de pilotage peut provoquer de violentes collisions ou de graves chutes. Les personnes paralysées souffrant de troubles même mineurs de l’attention, du contrôle moteur des membres supérieurs ou de troubles visuels, ne sont donc pas autorisées à piloter ces machines pour des raisons de sécurité.

C’est pour offrir une solution à ces personnes que la chaire Handicap & Technologie Polytech Paris Saclay développe un prototype en vue de conférer à tout fauteuil roulant électrique des capacités d’anticollision et d’antichute. Un premier prototype évoluera bientôt en situation réelle avant la mise en place d’un process d’industrialisation afin que ces innovations profitent au plus grand nombre.

Le projet s’appuie sur le fort potentiel scientifique et technologique de l’école d’ingénieurs Polytech Paris-Saclay. Les premiers tests réalisés en milieu réel, avec de vrais utilisateurs, sont encourageants et ont convaincu des acteurs engagés du milieu associatif comme l’association Santiago Accessible ou la Marque Dans le Noir ? de soutenir financièrement la poursuite du développement de ce prototype par le biais du mécénat.

Le budget n’est pas entièrement financé et vous pouvez rejoindre le projet via l’association Santiago Accessible.

Pour contacter : Clément Favey
Site Internet : https://www.fondation.universite-paris-saclay.fr/chaire-handicap-technologie

Interview de Clément Favey, diplômé de Polytech Paris-Saclay,
spécialisé en Photonique et systèmes optroniques, qui anime ce projet au sein de
la chaire Handicap & Technologie de Polytech Paris-Saclay

 

E – Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à ce sujet. Quel est le sens de votre engagement ?

Un concours de circonstances ! D’une part j’avais été très inspiré par l’un de mes professeurs, M. René Farcy (inventeur de la canne électronique pour non-voyants la plus diffusée en France) avec qui je voulais travailler, ce dernier avait en tête l’adaptation de sa canne électronique pour les déficients visuels en fauteuils roulants. D’autre part à côté de mes études, je travaillais comme gardien de nuit dans un centre spécialisé dans l’accueil d’enfants en situation de handicap. Le projet tel qu’il existe aujourd’hui résulte de l’idée de base de René Farcy, augmentée par les besoins identifiés par l’équipe du centre spécialisé en question, avec laquelle nous avons conçu le premier cahier des charges du système. 8 ans plus tard, nous travaillons toujours avec la fondation qui héberge ce centre et allons commencer une série de tests expérimentaux.

E – Pouvez-vous nous expliquer le principe des technologies utilisées ici ?

Le système repose sur l’emploi de capteurs optoélectroniques, conçus en interne de notre équipe de recherche, permettant d’appréhender les obstacles environnants le fauteuil et d’évaluer la planéité du sol, de manière à identifier les dénivelés (trottoirs, escaliers, etc.) potentiellement dangereux.

L’utilisateur.ice reste libre de ses choix avec le fauteuil, seulement sa vitesse sera réduite ou arrêtée dans la direction d’obstacles ou dénivelés jugés dangereux.

E – Quel bénéfice concret les gens concernés peuvent attendre des machines équipées ?

Cela permet d’une part d’élargir l’accès au fauteuil roulant électrique à des personnes qui n’en auraient pas les capacités en l’état. D’autre part, pour celles et ceux déjà aptes à conduire un fauteuil électrique mais qui n’en auraient pas une maitrise parfaite, cela leur permet une navigation plus sereine, avec une charge cognitive moins forte et une limitation de la casse matérielle, qui représente parfois un coup important pour les familles des concernés.

E – Comment envisagez-vous le process d’industrialisation pour que ces innovations profitent à tous ceux qui en ont besoin ? Y’a-t-il un besoin et un marché au niveau Européen ?

Bonne question, que nous commençons seulement à nous poser, puisqu’au préalable, il était d’abord nécessaire de concevoir un prototype fonctionnel et d’acter son utilité, ce qui représente plusieurs années de recherches. Nous possédons déjà une certaine connaissance des process d’industrialisations de par l’expérience des collègues sur le déploiement de la canne électronique. Les questions majeures auxquelles il faudra répondre s’axent autour de la diffusion et du financement des systèmes.

Les éventuels bénéficiaires sont loin d’être seulement franco-français puisque les pathologies responsables des limitations amenant à l’utilisation de notre système, sont représentées à égale proportion à travers le monde. Sans même parler des enjeux que représente le vieillissement de la population européenne, qui conduit à voir augmenter le nombre de personne nécessitant un fauteuil roulant électrique avec assistance.

E – Vous n’avez reçu aucune aide publique, parapublique, de la BPI, de la région IdF, de l’Europe ?

Même si l’argent que nous avons reçu n’est pas directement public, il l’est indirectement à majorité. Lorsque des fondations, associations ou entreprises décident de nous accompagner dans nos recherches, elles le font via de l’argent qui peut être défiscalisé en grande partie. Aussi, beaucoup de soutien matériel et logistique proviennent de l’université Paris-Saclay et du CNRS, qui sont également financés par de l’argent public.

 

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