À LA DÉCOUVERTE DES ARTISTES DE DEMAIN

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Marre de la promotion continuelle des mêmes stars de l’industrie musicale ?
Envie de découvrir des artistes inconnus, parfois talentueux ? Afin d’explorer ce qui émerge dans les autres pays sans tomber dans le mainstream, trois jeunes ont créé une plateforme recensant les musiciens, mais aussi les créateurs de mode et d’art visuel en lesquels ils placent le plus d’espoir. Bienvenue sur Afternuage.

 

Iman, Nicolas et Denis ont 23 et 24 ans. Ils se sont rencontrés à l’université et ne se sont plus quittés depuis. Chacun s’est passionné en parallèle d’une forme d’art, jusqu’à finir par l’approcher professionnellement. Nicolas, la musique. Denis, les arts visuels. Iman, la mode. C’est ainsi que des années suivant leur rencontre, Afternuage est née. Cette plateforme de découverte d’artistes émergents à travers le monde est apparue comme une évidence. « À l’origine, j’avais de grosses playlists collaboratives sur Spotify et toujours ce réflexe d’échanger des chansons avec tout le monde. L’idée est arrivée comme ça : je voulais partager des artistes peu connus avec une plus grosse audience. » explique Nicolas. Ayant grandi en Afrique, il a depuis très jeune des références musicales différentes qui se sont estompées petit à petit  depuis son arrivée en Europe. « Je trouve ça passionnant de sortir de la bulle dans laquelle on vit, surtout quand on est dans une grande ville. On a toujours envie de voir ce qui se passe ailleurs mais quand on cherche, on a tendance à tomber dans une sélection d’artistes assez mainstream ». L’origine du projet ? Ce désir de trouver un endroit où recenser différentes scènes musicales plus underground et inaccessibles au premier abord. 

Sur le site, on parcourt le monde numériquement. En se promenant sur un globe, chaque gros point de référence permet de découvrir l’univers d’un artiste. La sélection est changée chaque mois et divisée en trois pôles : arts visuels, musique et mode. 

 

ÉTENDRE ET INCLURE

Sur Afternuage, la règle est la suivante : chaque continent (ou presque) doit être représenté. Leur parti pris est d’atteindre une somme de localités différentes au lieu de s’enfermer dans l’exclusivement français ou même dans un microcosme parisien. Pour ce faire, un gros travail de recherche s’impose. Pour la mode par exemple, il faut donc s’intéresser aux fashion weeks du monde entier, mais aussi aux événements majeurs à l’étranger comme ceux de mode digitale au Brésil, peu popularisés en France. Mais en plus de ces recherches, il faut également avoir des yeux et des oreilles sur place. « J’ai un ami à Abidjan
notamment, qui me dit ce qu’il écoute là-bas, explique Nicolas. Il faut communiquer avec les gens qui vont dans des bars, dans les soirées, pour connaître ce qui s’y passe. On essaye d’établir des réseaux de curation partout avec ceux qui ont un accès privilégié à la scène émergente du pays. » 

N’ayant pas d’audience type, il est important pour eux de ne pas tomber dans le “trop niche”, l’inaccessible. « Dans ma sélection, il va y avoir des artistes très innovants, qui poussent un peu les barrières habituelles, et d’autres beaucoup plus classiques, confie Iman, en charge de la mode. J’essaye de mélanger les styles. Je ne veux pas m’enfermer dans une mode qui ne plairait qu’aux jeunes, mais des vêtements que tout le monde pourrait porter, peu importe l’âge. ». 

Seeding, peinture de María Fragoso.

 

LES CRÉATEURS À SUIVRE

Après avoir beaucoup hésité parce que selon lui, de ceux partagés sur le site, tous se valent et s’égalent, Denis finit par accepter de faire un choix d’artiste à surveiller. Une des peintres qu’il a souhaité mettre en avant est la mexicaine María Fragoso. Dessinant et peignant des figures humaines avec des traits très fins, cette jeune femme travaille des couleurs chatoyantes dans un style surréaliste. « En me penchant un peu dessus, je me suis rendu compte de la typologie des symboles dans son œuvre, partage Denis. Elle a un univers esthétique incroyable. Elle commence tout juste à avoir une renommée internationale. C’est toujours très émouvant de voir des artistes qu’on suit depuis longtemps obtenir une reconnaissance dans le milieu. »

Pour Iman, c’est la chinoise Rui Zhou, créatrice de la marque Rui, qu’il faut absolument suivre en ce moment. Ayant remporté dernièrement le prix Karl Lagerfeld décerné par LVMH, cette designeuse commence également à se faire sérieusement repérer. Cette dernière conçoit des vêtements asymétriques à partir de morceaux de tissus reliés entre eux avec des perles, très moulants sur le corps. Sa particularité est la suivante : elle crée ses vêtements directement sur le mannequin, sans patron. « Ses pièces s’imprègnent sur la peau et vont à tout le monde. C’est très déstructuré et en même temps extrêmement sensible et fin. »

Nicolas décide de partager la chanteuse Miso Extra, venant de sortir son premier EP il y a peu. Les paroles du disque pop aux sonorités électro sont entièrement en japonais, chantées de façon très saccadée. « Elle n’a que 3000 abonnés sur Instagram pour le moment mais elle va faire la première partie des Thundercat, donc je pense que ça va aller très vite pour elle. C’est fou de voir que ce genre d’artistes sont signés et repérés aussi rapidement. C’est rassurant : l’industrie semble toujours avoir une bonne oreille ! »

www.afternuage.com

Par Léontine Behaeghel

 

Vêtement de Rui Zhou, créé directement sur le mannequin, sans patron.

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