Cet été, l’Épatant est parti se rafraîchir les lettrines dans le grand bain du festival de Cannes, a piqué une tête lumineuse à coup d’une programmation éclectique qui n’a pas manqué d’intriguer notre équipe tapie dans les salles noires.
Première soirée, première projection officielle du Festival de Cannes 2022, Michel Hazanavicius ouvre le bal avec sang froid. Une comédie hilarante et délirante qui surprend du début à la fin. Porté par Romain Duris, Bérénice Bejo et Finnegan Oldfield, ce film nous en met plein les yeux. Piégés dans un scénario pittoresque, nous en sommes finalement libérés au bout de trente minutes. Il reste alors 1h20 à Hazanavicius pour se faire pardonner.
Éclats de rire dans la salle ! On se tape sur la cuisse, dans les mains ! Pari réussi.
Voilà que nous passons derrière la caméra. L’étonnement, le soulagement, cette mascarade révèle en réalité les conditions de tournage d’un film, les aléas techniques comme les caprices de stars. Toujours plus inattendu, nous revenons alors sur nos premières impressions, on comprend, on s’esclaffe alors d’autant plus. Les hématophylles, les émétophiles et les scatophiles seront servis, du moins ce que ça amuse. Si les images sont follement admirables, les acteurs aussi.
Romain Duris surtout. Le quarantenaire se réveille après « Eiffel » de Martin Bourboulon. Il reflète un réalisateur et père donnant corps et âme, même dans le pire du métier. C’est par là que Michel Hazanavicius caractérise la puissance du cinéma et qu’il se donne également le droit de dénoncer les milliers de films ratés qui passent devant des plus méritants.
Et puis que dire de la magistrale bande son. Largement dans le grotesque mais elle ajoute au film un rythme à suivre très plaisant, une course contre la montre, ancrée dans notre époque.
Le Festival de Cannes aura donc démarré avec des sourires et du soulagement, quoi de mieux après deux années soumises à l’amertume. Coupez deviendra certainement culte.
Elsa Dizier