ÉCOLIEUX : PEUT-ON VRAIMENT VIVRE EN AUTARCIE  ?

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Il y aurait environ 1 050 écolieux en France selon le recensement 2021 du réseau Oasis, qui accompagne les citoyens souhaitant vivre dans ce type d’habitat. Séduits par une vie plus solidaire et plus écolo, vivre dans un écolieu pose toutefois des problématiques bien concrètes. B. a.-ba d’un mode de vie alternatif.

 

Écolieu, éco-hameau, écovillage, écoquartier… Autant de termes qui renvoient à des modes de vie alternatifs et à des formes d’habitats différentes. Il n’existe pas vraiment de définition officielle d’un écolieu. On pourrait le définir comme un endroit, plutôt situé en zone rurale, où plusieurs personnes choisissent de vivre ensemble au nom de principes idéologiques, écologiques, ou encore sociaux. Le but à atteindre est ensuite l’autosuffisance et elle repose sur trois axes : un modèle économique alternatif, un impact écologique réduit et une vie communautaire active.

Dans un écolieu, le schéma pyramidal selon lequel l’homme règne en maître sur la nature est renversé. Il faut plutôt imaginer un grand cercle à l’intérieur duquel se mêlent les femmes, les hommes, les animaux, les arbres, les plantes. L’homme n’exploite plus égoïstement son environnement sans en mesurer les conséquences. Au contraire, il met en place un fonctionnement écologique ayant un moindre impact environnemental. Cela signifie : repenser son alimentation, ses moyens de transport, ses besoins en énergie, et au-delà ses habitudes de vie et de consommation. C’est toute une économie locale qui se met en place progressivement dans l’écolieu. Et en même temps, un modèle alternatif de société.

 

Dans un écolieu, le schéma pyramidal selon lequel l’homme règne en maître sur la nature est renversé.

 

Oasis Bardol, Eotopia, Moulin de Busseix, Rêve d’Evre… Ces noms pourraient être tirés de la littérature post Thomas More. Ce sont pourtant tous des écolieux français. Du phalanstère utopique de Charles Fourier aux survivalistes qui vivent dans les bois se préparant à un effondrement imminent en passant par les amish, les écolieux ont une image fantasmagorique. Or, les écolieux sont non seulement très sérieux mais en plus ils présentent une plus dure réalité.

Passé le fantasme, ces projets sont en fait très terre à terre et présentent des problématiques concrètes. Il faut parvenir à trouver un certain nombre de solutions nécessaires à leur émergence et existence. D’une part, matérielles : entre conception d’une tiny house (mini-maison en bois), permaculture, maraîchage, élevage de troupeaux, ou encore broyage des déchets végétaux. Et d’autre part, des problématiques humaines entre cohabitation, cohésion, division entre espaces de vie individuels et espaces collectifs, répartition du travail… Impossible donc de se lancer dans un écolieu seul ou sans se documenter et s’y préparer largement en amont.

Quant à la réalité, seulement 10% des lieux collectifs réussissent selon l’américaine Diana Leafe Christian qui a étudié le sujet dans son livre Vivre autrement : écovillages, communautés et cohabitats et qui vit elle-même dans une communauté depuis plus de 20 ans. Les problématiques et contraintes liées à ce type de lieu sont en fait multiples. Manon s’est lancée dans le projet de créer un écolieu à Pabu en Bretagne et souligne qu’il s’agit d’un long processus : « Un écolieu met des années à se construire. Il faut construire toutes les infrastructures, mettre en place une permaculture efficace, ou encore trouver des gens prêts à s’investir dans le projet. Mon écolieu va peut-être mettre 5 ou 10 ans à être efficient et autosuffisant ». Un sacré pari sur l’avenir pour ces néo-ruraux qui se lancent le défi.

Par Anaïs Delatour

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